On sera surpris de savoir que les facultés auditives commencent à diminuer dès l’âge de 18-20 ans. Bien entendu, la quasi-totalité des jeunes adultes entendent parfaitement bien puisque ce déclin est, dans la plupart des cas, très lent. À partir de cinquante ans environ, de nombreuses personnes notent une diminution progressive de leurs capacités auditives. C’est à ce moment que l’évolution de l’audition avec l’âge se fait ressentir davantage. La perte auditive liée à l’âge, qui est également appelée presbyacousie, touche à peu près 40% des 60-70 ans et plus de 50% des plus de 80 ans selon une étude menée en France par la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques).
Au fil des années, les sons, en particulier les aigus, sont de moins en moins perceptibles, et en conséquence, suivre une conversation demande de plus en plus de concentration. Si elle est normale et répandue, la presbyacousie, peut avoir un réel impact sur la qualité de vie si elle n’est pas prise en charge. Aujourd’hui, des solutions existent, mais le taux d’appareillage reste faible : qu’est-ce qui freine l’accès aux aides auditives ?
Quels sont les symptômes de la presbyacousie, et comment la diagnostiquer ?
La surdité chez les personnes âgées survient lorsque les cellules ciliées de l’oreille interne commencent à mourir. Cela a pour conséquence l’apparition de difficultés à entendre notamment les fréquences sonores les plus aigües. En général, les personnes affectées s’en rendent compte, car elles ne parviennent plus à comprendre clairement les propos des personnes avec qui elles échangent. Les sons de certaines consonnes comme le “k”, “t”, “f”, “s” et “p” sont ceux qui ont les fréquences les plus élevées et deviennent donc inaudibles. La déficience auditive est avérée lorsque l’on constate une perte de 30 décibels.
Les symptômes de la presbyacousie, qui apparaissent progressivement, sont les suivants :
- perte progressive des fréquences aigües ;
- gêne dans le bruit ;
- besoin d’augmenter le volume sonore ;
- présence d’acouphènes ;
- diminution de l’intelligibilité conversationnelle et retrait social.
Les symptômes de la presbyacousie se repèrent avant tout dans des contextes sociaux : la personne est gênée quand il y a beaucoup de bruit autour d’elle, par exemple au restaurant ou lors de réunions de famille. Si ces symptômes apparaissent, il est alors recommandé de passer des tests auditifs. Réalisés par des audioprothésistes, ceux-ci sont le plus souvent gratuits. Si ces tests révèlent des anomalies, alors il faudra se rendre chez un médecin ORL pour effectuer des tests plus poussés et détecter une éventuelle presbyacousie.
Quelles sont les conséquences de la perte auditive ?
L’audition des personnes âgées est un sujet malheureusement encore relativement tabou, car il fait référence au vieillissement qui est une notion que grand nombre de personnes préfèrent occulter. Lorsque quelqu’un est affecté par la presbyacousie, les répercussions sur son comportement, sa confiance en soi et sa vie quotidienne sont très grandes.
Une fois diagnostiquée, il est important de prendre des mesures pour éviter de subir les désagréments causés par une baisse d’audition, tels que les maux de tête chroniques, une fatigue accrue et une baisse de la concentration. D’autant plus qu’être moins sensible aux stimuli extérieurs entraîne un risque : la personne percevra tardivement les dangers, ce qui peut la rendre vulnérable et, si elle conduit, causer des accidents sur la voie publique. Mais au-delà de ces évènements extrêmes, la presbyacousie entraîne des conséquences psychologiques qui ne doivent pas être minorées. En effet, ne plus pouvoir suivre une conversation génère de la frustration et peut conduire la personne à s’isoler. Méfiance, dans ce cas, face aux symptômes dépressifs chez la personne âgée qui peuvent en découler, tels que la perte d’estime de soi, l’isolement ou la diminution du sentiment de plaisir. Coupée du monde et donc privée de stimulations, la personne âgée peut voir aussi voir ses facultés intellectuelles décliner ainsi qu’un déclin cognitif. Autant de conséquences qui doivent pousser le sujet âgé à prendre en charge les problèmes liés à la presbyacousie.
Les difficultés à communiquer avec d’autres individus au jour le jour ont plusieurs conséquences. Tout d’abord, comprendre une conversation demande davantage d’efforts à une personne âgée souffrant de perte auditive et ainsi elle sera plus facilement fatiguée, d’autant plus que les seniors sont une population plus fragile. Par ailleurs, les quiproquos ou incompréhensions surviennent plus fréquemment, car la personne qui entend mal ne demandera pas systématiquement à son interlocuteur de répéter ce qu’elle vient de dire. En effet, la presbyacousie engendre souvent un sentiment de honte qui empêche le souffrant d’en parler librement ou même de demander de l’aide. Tous ces obstacles dans les relations humaines peuvent entraîner une rupture du lien social et mener à une situation d’isolement.
Les incompréhensions qui peuvent survenir lors de visites médicales sont d’autant plus problématiques. Si le patient ne comprend pas bien le traitement qu’il doit prendre et surtout sa posologie, il y a des risques que celui-ci ne le prenne pas correctement ou pas du tout. L’âge avançant, il est fréquent que les personnes âgées souffrent de pathologies chroniques qui doivent être traitées par des médicaments pris de manière régulière et qui pourraient s’aggraver en cas de suspension du traitement médicamenteux.
Les conséquences de la perte d’audition non traité
L’absence de traitement de la perte d’audition chez les personnes âgées peut avoir des conséquences profondes la qualité de vie. Les impacts de la déficience auditive non traitée s’étendent bien au-delà des difficultés d’entendre les sons et les paroles ; ils touchent également la communication, la santé mentale et la sécurité des individus.
Les troubles de la communication dus à la surdité peuvent entraîner un isolement social, aussi bien du cercle familial qu’amical, en raison de la frustration ou de la gêne de demander des répétitions ou d’admettre des difficultés à comprendre les conversations. Cet isolement social peut augmenter le risque de dépression chez la personne âgée.
Du point de vue cognitif, il existe un lien bien établi entre la perte d’audition non traitée et le déclin cognitif. Les études sur ce sujet ont indiqué qu’il existe « une liste croissante de conséquences sanitaires associées à la perte auditive, notamment un risque accru de démence, de chutes, d’hospitalisations et une diminution de la santé physique et mentale en général. ».
Sur le plan de la santé physique, les personnes âgées ayant une déficience auditive non traitée peuvent être confrontées à des défis liés à leur sécurité. La difficulté à entendre des avertissements ou des sons environnementaux importants, comme les alarmes incendie ou les klaxons de voiture, peut augmenter le risque d’accidents. De même, les problèmes d’équilibre et les chutes sont plus fréquents chez les personnes âgée souffrant de perte d’audition, possiblement en raison de l’impact de l’audition sur les systèmes de l’équilibre.
Il est crucial que la perte d’audition chez les personnes âgées soit diagnostiquée par un ORL (Oto-rhino-laryngologiste) et traitée. L’utilisation d’appareils auditifs, la rééducation auditive ou les interventions chirurgicales, soient mises en œuvre lorsque cela est possible. Reconnaître et traiter la perte d’audition peut améliorer la qualité de vie des personnes âgées, leur permettant de rester connectées, actives et en sécurité dans leur environnement.
Quelles solutions à la perte auditive et la surdité ?
Des solutions existent. En amont, on peut, tout au long de sa vie, protéger son ouïe.
Cela passe bien entendu par une bonne hygiène, mais également par une limitation de l’exposition au bruit. Les écouteurs sont à utiliser avec précaution et en limitant le volume sonore. Afin de se préserver des bruits (qu’ils soient liés à une activité professionnelle ou bien à du bricolage par exemple), les personnes exposées peuvent porter un casque anti bruit. Il est également recommandé d’utiliser des bouchons d’oreilles près de sources de bruits trop intenses, en bricolant ou lors de concerts par exemple, réduire le volume des appareils sonores et, plus généralement, conserver une bonne hygiène de vie.
À partir d’un certain âge ou bien si on a quelque doute que ce soit sur son audition, il est bon de consulter un ORL de manière régulière. Une visite annuelle permettra un dépistage précoce et ainsi aidera la personne âgée atteinte de presbyacousie de souffrir le moins possible de ce handicap en utilisant une prothèse auditive. Aujourd’hui les appareillages sont de plus en plus petits et discrets ce qui donne la possibilité aux seniors qui entendent mal et qui auraient ce sentiment de honte que nous évoquions plus haut, de s’équiper tout de même d’une prothèse. L’appareil auditif est une véritable porte ouverte vers le monde extérieur afin de contrer la perte auditive liée à l’âge.
Certes, il existe des médicaments qui protègent la cochée (l’oreille interne qui transforme les ondes sonores en influx nerveux), mais ils n’interviennent qu’en complément de celui-ci. On considère que les aides auditives deviennent nécessaires lorsque le patient présente une perte tonale moyenne de 30 décibels ou plus, et comprend moins de 80 pour cent des mots prononcés d’une voix faible. Une fois le diagnostic posé, reste à choisir le type de prothèses qui correspondra le mieux au patient. Il existe en effet trois types d’appareils auditifs : les appareils classiques qui se placent autour du pavillon de l’oreille, les appareils micro-contours de l’oreille, dont l’écouteur est placé dans le conduit auditif, et enfin, les appareils intra auriculaires, les plus discrets, sont placés directement à l’intérieur de l’oreille.
Enfin, l’entourage joue un rôle déterminant dans l’accompagnement de leur proche. Il est essentiel de ne pas couper les ponts avec son aîné avec qui la communication peut être difficile, car c’est précisément en entretenant les relations familiales et amicales que la personne âgée malentendante va pouvoir garder confiance en elle et ne pas souffrir d’isolement.
Quels sont les principaux freins à l’accès aux aides auditives ?
Malgré la diversité de l’offre, seule une petite partie des personnes atteintes de presbyacousie portent des aides auditives. Plusieurs facteurs expliquent cette situation. Le premier est le coût de ces dispositifs qui pendant longtemps, a été très élevé et ne permettait pas à tous de bénéficier de cette technologie. Mais aujourd’hui, grâce à la loi 100 % santé, une prise en charge financière est possible et rend les prothèses auditives plus accessibles. On estime également que la presbyacousie est sous-diagnostiquée en raison des réticences des patients à passer des tests : parmi les divers contrôles de routine effectués par le sujet âgé, le contrôle de l’audition est celui qui est le plus souvent négligé, parfois parce que le patient est dans le déni face à sa perte auditive. La peur du regard de l’autre constitue également l’un des principaux freins à l’acquisition d’aides auditives : la personne souffrant de presbyacousie peut redouter d’être perçue comme diminuée, et ne pas souhaiter que son entourage sache qu’elle est atteinte d’une pathologie associée au grand âge. Enfin, certaines croyances et stéréotypes négatifs attachés aux prothèses auditives subsistent : elles sont en effet souvent considérées comme inconfortables ou difficiles à entretenir. Tout cela est la conséquence du défaut d’information qui subsiste quant aux avancées technologiques en matière d’appareillages auditifs. Aujourd’hui, ces derniers ne ressemblent plus du tout aux sonotones d’autrefois. Désormais, il existe des aides auditives minuscules, quasiment invisibles et qui peuvent même se relier aux smartphones par bluetooth. La miniaturisation de ces technologies permet de significativement améliorer le confort de vie, en toute discrétion.
Ainsi, tout laisse à croire qu’en informant mieux les sujets atteints de presbyacousie, le taux d’appareillage augmenterait, ce qui leur permettrait de gagner significativement en confort de vie. Pour cela, il ne faut pas hésiter à parler des difficultés que l’on rencontre à ses proches, sans tarder. Car plus tôt la presbyacousie est prise en charge, mieux la personne s’adaptera à son appareil et en tirera bénéfice. Sur ce point, l’entourage a un rôle important à jouer : il est plus facile de sauter le pas et d’aller consulter un spécialiste lorsque l’on est encouragé par ses proches, qui peuvent rappeler que la possibilité de profiter pleinement des discussions avec les autres et des activités du quotidien est essentiel à une vie épanouie.
Adapter son logement pour permettre une meilleure perception des soins : une expertise adiam
Lorsque la presbyacousie s’installe, il peut être nécessaire de réaménager son logement. En effet, la prise en compte de l’acoustique est un facteur important pour l’amélioration de la perception auditive des personnes âgées. Les ergothérapeutes à domicile de l’adiam préconisent par exemple :
- D’éviter à l’intérieur du logement toutes les sources de bruit nuisibles en choisissant des appareils électroménagers à faible niveau et nuisance sonore
- D’installer une boucle magnétique d’appartement permettant de diffuser les sons émis par une télévision ou une radio directement à un appareil auditif ou à un implant cochléaire
- De créer des espaces ouverts permettant d’une part une meilleure perception visuelle et d’autre part une meilleure circulation des signaux sonores.
Les questions réponses sur la perte d’audition
Quelle est l’anatomie de l’oreille dans le processus d'audition ?
L'oreille se compose de trois parties principales : l'oreille externe (qui inclut le pavillon et le conduit auditif), l'oreille moyenne (comprenant le tympan, la trompe d'Eustache, la fenêtre ovale, le marteau, l'enclume et l'étrier), et l'oreille interne (qui comprend le vestibule, les cellules ciliées, la cochlée et le nerf auditif). Les sons sont collectés par l'oreille externe, régulés par l'oreille moyenne et convertis en impulsions nerveuses par l'oreille interne avant d'être envoyés au cerveau.
Quels sont les niveaux de son sûrs pour l'audition ?
L'oreille peut généralement tolérer des sons jusqu'à 60 décibels (dB). Les sons de 60 dB à 80 dB sont supportables mais peuvent devenir fatigants, tandis que l'exposition à des niveaux supérieurs à 80 dB peut entraîner des dommages auditifs, et des niveaux au-dessus de 110 dB peuvent provoquer de la douleur et des dommages immédiats.
Quels sont les degrés de la perte auditive ?
La perte d'audition est mesurée en décibels et catégorisée en quatre niveaux : Audition normale : perte ne dépassant pas 20 dB Surdité légère : perte de 20 à 39 dB Surdité moyenne : perte de 40 dB ou plus Surdité sévère : perte de 70 à 89 dB Surdité profonde : perte de plus de 90 dB
Quels sont les symptômes de la perte auditive ?
Les symptômes incluent une perception auditive altérée, des troubles de l'équilibre, un besoin de répétition lors des conversations, des difficultés à comprendre la parole dans des environnements bruyants, l'incapacité à entendre certains bruits légers et l'augmentation du volume sur les appareils électroniques.
Quels traitements sont disponibles pour la perte d'audition ?
Un ORL peut référer un patient à un audioprothésiste pour l'appareillage auditif, qui est le principal traitement pour adresser les problèmes d'audition. Des ajustements réguliers et des contrôles peuvent assurer le confort et l'efficacité de l'appareil.
Quels sont les types d'aides auditives disponibles ?
Il existe deux types principaux : Les appareils derrière l'oreille (contours d'oreille) : Ce sont de petits amplificateurs de sons placés sur l'oreille reliés à un écouteur à l'intérieur du canal auditif. Les appareils intra-auriculaires : Ils sont discrets et très performants avec une meilleure qualité sonore et évitent la sensation d'oreille bouchée. Si vous présentez des signes de perte d'audition, il est recommandé de consulter votre médecin traitant.