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Aide à domicile à Paris - Prévention chez la personnes âgée.

par Jacques Lambrozo | Emission Radio du 2 janvier 2019

Emission consacrée à la prévention chez la personne âgée

Cette nouvelle émission consacrée au bien vieillir sera centrée aujourd’hui sur la prévention chez la personne âgée.

Espérance de vie chez la personne âgée en France

Il faut d’emblée reconnaître que les progrès de la médecine et notamment de la prévention des accidents vasculaires cérébraux, des incidents cardiaques, de certaines maladies infectieuses ont changé le panorama de l’avancée en âge. Ainsi aujourd’hui en 2018 vivre en maison de retraite, surtout médicalisée est extrêmement rare avant 80 en France.

A 90 ans près de trois personnes sur quatre vivent encore chez elle et notamment 85% des hommes. Et ce n’est qu’à partir de 100 ans que le départ en maison de retraite se fait plus fréquent mais ce n’est pas nécessairement la règle générale.

Enfin, si l’espérance de vie en bonne santé continue de s’allonger, c’est bien grâce au progrès dans les conditions de vie, d’hygiène, de travail et dans les progrès de la médecine.

En effet à 65 ans les hommes peuvent aujourd’hui espérer vivre près de 14 ans sans un handicap dans la vie quotidienne alors qu’en 1981 cette espérance de vie n’était que de neuf ans.

Il en est de même pour les femmes qui bénéficient maintenant de 16 ans d’espérance de vie sans handicap.

Vraiment appréciable n’est-ce pas ?

 Oui mais parler de prévention à 80 ans n’est-ce pas un peu illusoire puisqu’on peut penser que cet âge tous les jeux sont faits ?

Mon cher Guy c’est effectivement une opinion très répandue de penser qu’à partir d’un certain âge tout est définitivement joué, mais c’est une opinion que je ne partage pas et je m’inscris en faux vis-à-vis de cette position.

Je pense au contraire que c’est dans l’âge avancé qu’il faut surtout penser à l’avenir. À première vue cela peut paraître paradoxal mais il n’en est rien.

A titre anecdotique, j’ai même en tête un crime par dépit amoureux commis par un amoureux éconduit alors âgé de 90 ans …

En effet c’est justement la fragilité du sujet âgé du fait que son équilibre peut être bouleversé, et très brutalement, par tel ou tel événement de santé, c’est ce qui justifie que l’on soit désireux de se prémunir au mieux contre les coups à venir. Ce qui est moins souvent le cas à 30 ans vous en conviendrez car à cet âge on peut plus facilement se rétablir sans trop de dommages

Quelques exemples ?

Les chutes chez la personne âgée

En cas de fracture feront passer d’un sujet certes fragile mais encore relativement autonome à un handicapé dépendant,

Le risque de déshydratation chez la personne âgée

Plus près de nous le risque de déshydratation pendant l’été. Risque qui ajouté à celui de dénutrition va conduire l’hospitalisation avec ses conséquences parfois délétères,

Polymédication chez les personnes âgées

La polymédication parfois mal adaptée qui expose à la non observance du traitement mais surtout aux effets secondaires de tel ou tel médicament et avec le cortège malvenu des complications.

Ces quelques exemples illustrent bien l’intérêt, je dirais même plus l’importance majeure d’une démarche de prévention adaptée chez la personne âgée.

 Pouvez-vous nous donner des exemples pratiques d’une démarche de prévention ?

Commençons par parler des chutes car elles sont fréquentes et menacent l’autonomie car : en cas de fracture col du fémur, bien opérée ce qui est le cas le plus souvent, la marche n’est pas toujours reprise et l’espérance de vie est significativement diminuée.

À titre d’exemple : la mortalité un an après une fracture du col du fémur opérée est de l’ordre de 25 à 30 % c’est-à-dire que plus d’un quart des patients âgés vont décéder dans l’année qui suit la fracture du col du fémur et, si la fracture survient plus tard dans la vie disons après 85 ans cette proportion peut atteindre 40 % c’est-à-dire de la moitié des patients opérés.

Source : https://www.grio.org/documents/page187/actualites-professionnelles-250-1454612636.pdf

Donc la prévention des chutes chez les personnes âgées repose entre autres, aussi sur une triple démarche :

  • lutte contre l’ostéoporose, assez tôt dans la vie, et chez la femme notamment juste après la ménopause, avec une activité physique maintenue, une alimentation équilibrée, et au besoin complétée par des traitements qui sont efficaces et généralement bien supportés
  • lutte contre la perte musculaire grâce à l’activité physique, la kinésithérapie est une alimentation riche en protéines,
  • adaptation de l’habitat, en évitant les parquets glissants, en supprimant ou en clouant les tapis qui sont des pièges redoutables, et en évitant les mules pour des chaussures avec un contrefort qui assure une meilleure stabilité. Autre précaution non moins importante : bannir l’usage de l’échelle en se limitant dans tous les cas à un escabeau à deux marches et en réservant les ascensions périlleuses à un parent ou à un voisin.

D’ailleurs, le dépistage du risque de chute est très simple à la portée de tous puisqu’il repose sur cinq questions :

1) Avez-vous des difficultés pour lever et transporter 4 Kg

2) Avez-vous des difficultés pour traverser une pièce ?

3) Avez-vous des difficultés pour vous lever d’une chaise ?

4) Avez-vous des difficultés pour monter 10 marches ?

5) combien de fois avez-vous chuté dans les 12 derniers mois ?

Dès lors qu’une réponse positive est donnée à l’une des cinq questions, il est urgent de prendre des mesures de prévention.

J’ajoute et désormais plus vraiment à titre anecdotique, que les déplacements en trottinette sur les trottoirs, et même on le voit de plus en plus le dépôt de trottinettes au milieu d’un trottoir sont des facteurs de chute car ils constituent autant d’obstacles redoutables pour une personne âgée mal assurée sur ses jambes.

Nos édiles qui sont encore relativement jeunes ne semblent pas en avoir pris pleine conscience !

Vous savez que l’une des préoccupations majeures des personnes âgées de leur famille est la survenue de troubles cognitifs c’est-à-dire de troubles de la mémoire, de l’orientation dans le temps et dans l’espace, en un mot du risque de perdre la tête. À ce niveau aussi les mesures de prévention sont-elles adéquates ?

Nous ne traitons pas ici de la maladie d’Alzheimer qui fera l’objet d’une émission particulière et qui pose d’autres questionnements.

Avant d’aborder, les manifestations que vous citez : les troubles de la mémoire de l’orientation dans le temps et dans l’espace et même de l’expression verbale, il faut aborder le côté le plus prosaïque mais très important qui consiste à s’assurer que les éléments de la vie de relation sont intacts ou en tout cas correctement entretenus.

Je veux parler de la vision et de l’audition chez la personne âgée

Nous avons tous entendus parler de la cataracte qui est une opacification progressive du cristallin, les progrès de la chirurgie ophtalmologique ont permis de la corriger très simplement par une intervention chirurgicale qui sans être bénigne car aucune intervention chirurgicale n’est bénigne, donne des résultats impressionnants.

Elle permet de pouvoir se remettre à lire, à regarder la télévision et même à lire les sous-titres des films.

C’est donc la première étape d’une certaine forme de réinsertion sociale.

Mais il y a d’autres maladies ophtalmologiques comme la dégénérescence maculaire et comme le glaucome qui nécessitent une prise en charge un peu plus complexe et, l’essentiel est encore là dans le dépistage précoce c’est-à-dire qu’une consultation ophtalmologique annuelle est indispensable après 60 ans, et bien au-delà de 80 ans.

À 80 ans une personne sur deux souffre d’une baisse de l’acuité auditive qui s’appelle la presbyacousie.

Cette gêne n’est pas toujours avouée et elle contraint peu à peu la personne âgée à éviter les contacts de peur de devoir faire répéter son interlocuteur ou hausser le ton.

Pourtant là aussi des solutions existent, relativement simples à mettre en œuvre et efficaces mais, je le souligne à condition d’avoir corrigé précocement le trouble auditif pour que le patient s’adapte à son appareillage et que le cerveau continue de s’adapter aux différents sons qui lui parviennent.

Il est probable d’ailleurs que l’usage prolongé des écouteurs et l’audition de la musique des niveaux de décibels agressifs entraîne sur la génération qui nous suit une atteinte auditive plus précoce si les précautions ne sont pas prises.

Donc avant tout : vérifier que l’audition et la vision sont correctement corrigées avant que de parler trop vite de déficience cognitive.

Venons-en maintenant à la mémoire chez les personnes âgées

Nous le savons tous beaucoup de personnes vieillissantes se plaignent de leur mémoire. D’abord d’une difficulté de rappel des noms propres puis des noms communs et également une difficulté d’acquisition de nouvelles informations ou de mémorisation de nouvelles informations.

Les questions rituelles et difficiles sont par exemple : que faisiez-vous avant-hier à 16 heures ?

Ce n’est pas pour autant que ces difficultés soient annonciatrices d’une maladie cérébrale de type détérioration intellectuelle.

Dans la très grande majorité des cas, ces symptômes sont liés à des difficultés psychologiques comme le stress, les soucis familiaux, un départ à la retraite mal préparé et mal vécu, la crainte d’un vieillissement anormal mais aussi et surtout à un isolement affectif et social. Enfin les dépressions réactionnelles se signalent souvent par des difficultés de la mémoire et le traitement antidépresseur et l’accompagnement psychologique nécessairement associé viendront facilement à bout de ces difficultés. La mémoire, comme toute activité humaine doit être entretenue et stimulée.

Donc 3 préconisations pratiques :

  • être beaucoup plus concentré lorsqu’on accomplit une tâche quelconque comme par exemple ranger des objets ou écrire un courrier : il faut être tout entier à la tâche accomplie, sans penser à autre chose et sans essayer de faire autre chose comme par exemple de parler en même temps au téléphone.
  • Continuer d’acquérir des connaissances car interrompre ses activités intellectuelles est très dommageable.

On peut par exemple : Apprendre une langue étrangère bien que cela soit plus difficile qu’à 30 ans, apprendre par cœur des poèmes, reconstituer mentalement l’intrigue d’un roman ou d’un film récent voire même de l’article de journal que l’on vient de lire et cela régulièrement je dirais même quotidiennement,

  • maintenir une vie sociale en rencontrant régulièrement sa famille, ses amis, en poursuivant des activités par exemple caritatives, car c’est dans l’échange et même dans la confrontation, amicale bien sûre, que l’esprit continue d’être aiguisé.

En un mot : les troubles de la mémoire ou plutôt les plaintes sur la mémoire affectent la grande majorité des personnes vieillissantes mais ils ne sont pas pour autant annonciateurs de déficit intellectuel anormal, pathologique.

Y a- t-il d’autres domaines où la prévention s’impose dans la vie quotidienne ?

Le temps me manque pour détailler d’autres aspects qui ne sont pas moins importants d’ailleurs, mais sur plan proprement médical, je citerai, sans que cela apparaisse par ordre d’importance :

  • l’arrêt du tabac,
  • le contrôle adapté de l’hypertension artérielle car nous disposons de nombreux traitements qui permettent de la traiter sans trop d’effets secondaires, mais à condition que la personne âgée de son côté, prenne quotidiennement je dirais religieusement son traitement, ceci est très important,
  • la poursuite du dépistage du cancer du côlon, du cancer de la prostate et du cancer du sein même si les programmes actuels prévoient de l’interrompre vers 74 ans, pour des raisons probablement économiques,
  • les vaccinations c’est-à-dire la grippe bien sûr mais aussi la vaccination contre le zona, contre la pneumonie à pneumocoque et pour ceux qui jardinent la vaccination contre le tétanos

C’est un tour d’horizon nécessairement limité. Retenons que l’activité physique avec le moins de sédentarité possible et le maintien d’une vie sociale et culturelle sont les éléments essentiels de la prévention de la dépendance.