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Dr Jacques Lambrozo

La grande loi sur la dépendance promise par le Président de la République en 2018 était censée donner les moyens nécessaires de répondre aux enjeux cruciaux et croissants de la dépendance.

En 2019 était publié le rapport Libault qui retenait 10 propositions clés qui valent la peine d’être rappelées car elles sont, il faut le regretter, toujours d’actualité :

  • création d’un guichet unique pour les personnes âgées dans chaque département,
  • plan national pour rendre les métiers du grand âge plus attractifs,
  • soutien de 550 millions d’euros pour les services à domicile,
  • hausse de 25 % du taux d’encadrement des EHPAD soit 80 000 postes en plus pour un coût de 1,2 milliards d’euros,
  • plan de rénovation des locaux de 3 milliards sur 10 ans pour les EHPAD et les résidences autonomie,
  • amélioration de la qualité de l’accompagnement
  • et restructuration de l’offre pour un coût annuel de 300 millions d’euros,
  • baisse du reste à charge mensuel de 300 € en établissement pour les personnes modestes,
  • mobilisation nationale pour la prévention de la perte d’autonomie,
  • indemnisation du congé de proche aidant, mobilisation des service civique  et national universel pour favoriser les liens intergénérationnels.

Ou en est la loi sur la dépendance ?

De ce quinquennat qui s’achève on peut retenir la création d’une cinquième branche de la Sécurité sociale dédiée à l’autonomie (mais sans financement propre au-delà de 2022 et uniquement par redéploiement de crédits) et le Ségur de la santé dans le secteur du grand âge pour rendre ces métiers plus attractifs (et rattraper un retard significatif).

Mais pas de grande loi et pourtant, les faits sont là, accusateurs.

Sans revenir sur les éléments avérés décrits dans le livre de Victor Castanet, nous nous limiterons à rappeler quelques chiffres.

D’ici 20 à 30 ans ce seront 2,6 millions de personnes qui se trouveront en perte d’autonomie modérée ou sévère soit le double de la population actuellement concernée.

Dans 30 ans les seniors de plus de 60 ans seront 25 millions.  On peut espérer que les progrès réguliers de la médecine et en particulier de la prise en charge gériatrique permettent de corriger nombre de situations mais le poids de l’âge et des pathologies inhérentes ne seront pas inversés.

À ce jour, le montant moyen du reste à charge parents, pour une personne résidante en EHPAD est de 12 300 € ce qui est un montant significatif alors que les retraites sont modestes. Enfin, la très grande majorité des Français, 85 % souhaitent vieillir à leur domicile. L’annonce du « virage domiciliaire » s’inscrit dans cette trajectoire mais il faut y mettre les moyens et notamment renforcer l’attractivité de ces métiers qui manquent de bras.

L’adaptation des logements au vieillissement, en créant « MaPrimeAdapt » sera la bienvenue mais elle doit s’inscrire (sous peine de saupoudrage inefficace) dans une politique globale, je veux parler de la grande loi sur la dépendance.

A inscrire au rang des priorités du prochain quinquennat.

Soyez assurés de notre engagement et de notre vigilance.